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"Ce n’était pas mon histoire, pourtant sans que je ne m’en rende compte, je m’y suis trouvé impliqué. Rattrapé sans que je ne le veuille par ces fantômes qui n’étaient pas les miens et dans les méandres de l’étendue de cette triste affaire, qui ne me concernait en rien, je me suis perdu."
Un jour pourtant, assit pour la énième fois sur ce canapé que je commençais à fortement affectionner pour m’y être longtemps prélassé, un évènement inattendu se produisit. Le propriétaire de Lysas m’adressa directement la parole et cela, seulement pour la deuxième fois alors même que nous nous voyons depuis déjà deus semaines.
- Monsieur Zenker, quels sont vos centres d’intérêts?
Sa question me prit au dépourvu. Je ne savais pas quoi répondre, je ne savais pas si j’étais sensé répondre. Après tout, j’étais là pour poser des questions et non pas y répondre.
- En quoi cela peut-il bien vous concerner ? demandais-je les yeux toujours fixés sur ces pages vertes.
La pointe de mon stylo traçait à présent l’extrémité de l’aile de l’ange que j’avais mis deux jours à profiler. Ses ailes blessées pendaient lamentablement au sol et de longs cheveux lui cachaient à moitié le visage que j’avais imaginé larmoyant. . Ange déchu. Ame perdu. J’étais assez fière de mon chef-d’œuvre et le regardais de loin, attentif aux moindres détails que j’espérais le plus semblable que possible.
Derrière mon calepin, le visage de cet homme dont je n’avais toujours pas mémorisé le patronyme. Il semblait attendre une réponse de ma part, malgré le fait que je n’eu délié mes lèvres que pour lui prouver mon désintérêt à son subit intérêt.
Je restai un certain temps à l’ignorer et à me concentrer sur mon dessin avant de finalement me rendre compte comme cet ange pouvait avoir des caractéristiques flagrantes avec cette carrure de mannequin qui me fixait insensiblement sous peu. Malgré moi, son visage s’était imprégné dans la moindre de mes pensées. A vrai dire, cet homme m’intriguait profondément.
- L’art…
L’encre bleue, j’avais tracé les six lettres de mon prénom. Adriel.
- Quel rapport avec le journalisme ?
J’entendis le bruit significatif du mégot contre le fond du cendrier, puis, celui du claquement du briquet. Il était en argent et m’avait toujours étonné par les étranges caractères qui s’y inscrivaient.
- Aucun vu ce dont je m’occupe.
Un silence vide de sens s’installa. Toujours appliqué à me défouler sur mes feuilles rayées, j’attendais. Il nous restait deux heures d’entrevues et voilà qu’il se mettait à s’intéresser à ma vie alors même que c’était tout le contraire qui devait se produire. Je me dis que peut-être aurais je dû faire semblant d’y accorder pour une fois une quelconque importance, histoire que l’idée saugrenu de me questionner ne lui revienne.
- Et… Comment l’avez-vous rencontré ce fameux Maïan ?
Cette question… Facile. La première qui me vint à l’esprit, la seule. J’avais su retenir ce prénom et l’utiliser à bon escient. Du moins c’est ce que je cru.
Cette question… Quelque chose me dérangeais mais je ne savais pas sur le moment la cause. Et puis ce silence seulement brisé par le souffle de l’homme blond, celui du ventilateur et de mon stylo…
- Vous ne suivez pas.
Il avait décrété cela sur un ton … Le même qu’utilisait parfois ceux à qui mon manque d’attention agaçait, avec un brin d’ironie.
- Comment ?
Mais je ne voyais pas ce que cette question révélait sur mon peu d’attention.
Je levai la tête et tombai quasi immédiatement sur le regard bleu de mon vis-à-vis. Il fermait à demi un œil, agressé par la fumée de sa cigarette. La façon qu’il avait d’aspirer cette toxine était tellement sensuel…
- Pourquoi êtes-vous là monsieur Zenker ? Je veux dire, reprit-il en voyant que je m’apprêtais à répondre, puisque tout ceci ne vous intéresse pas, que ma présence et mes mots vous indiffèrent… A quoi bon ?
- Quelle perspicacité m’exclamais-je sarcastique malgré moi. Puis reprenant un ton plus que professionnel et essayant ainsi de ne pas me compromette encore plus : Si je vous répondais franchement, je crains ne pas avoir l’honneur de terminer cet article. Alors, reprenons là où nous en étions s’il vous plaît.
Je repris mon stylo en main, prêt à entamer un nouveau dessin mais c’était sans compter sur mon interlocuteur à qui ma non-réponse n’avait pas plu. Je l’entendis se lever de son siège, puis le crissement de ses chaussures sur le sol prouvait comme il se rapprochait de plus en plus de moi. Mais je ne cru pas bon de relever la tête, pas même lorsque je sentis sa présence au près de moi qui était comme toujours à moitié couché dans le fauteuil.
Une taffe, une deuxième, puis une autre et sans prévenir, il se pencha au-dessus de moi. Cette position me mettait mal à l’aise car je ne pouvais voir de lui que quelques mèches de ses cheveux blonds qui cachaient son visage. Il posa sa main, d’où sa cigarette restait continuellement prisonnière avant d’être remplacée par une autre, sur mon bloc note. Et de ses longs doigts fins, suivirent le tracé de mon dessin, laissant à chaque fois quelques cendres aux alentours.
Ce qui me dérangeait le plus dans cette situation, c’était cette fumée qui me picotait horriblement les yeux. Je faisais de
mon mieux pour retenir ma respiration et ne pas risquer d’en inhaler trop ce qui à coup sûr me vaudrait une nouvelle crise. Et comme on dit, je fus
sauvé par le gong.
Et ouais je ne chôme pas comme certains pourraient le croire !>_<
Ah oui: Bon 14 Juillet !!
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