Lundi 14 juillet
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"Ce fait divers était en somme toute normal. Malgré
la violence des faits, la fin tragique… du banal. Un élément était pourtant différent, le bourreau. Un homme riche et influent. Peut être était ce la cause réelle de toute cette complication ou
simplement mon entêtement… Erreur humaine, fatale."
Par intervalles de deux jours, je me rendais devant le manoir Lysas et attendais 14 heures 45. Là, le portail s’ouvrait et
dans le même rituel, je traversais les quelques mètres qui me séparaient de la bâtisse. L’émerveillement des premiers jours devant le spectacle que
m’offrais Lysas avait disparu avec le temps. Je me rendais à présent à ce rendez-vous comme, ou presque, un condamné à mort le jour de sa sentence.
Le maître de la maison était très peu agréable et semblait autant aimé ma présence que moi le fait de remplir cette besogne.
C’était un jour sur deux qu’il me parlait ouvertement. Parfois, je restais durant toute les quatre heures de ce fameux entretient à dessiner sur mon calepin aux feuilles vertes, pendant que lui
restait muet à fixer un point imaginaire sur le mur en face de lui. Même les jours où il paraissait apte à remplir ce contrat qui le liait à mes
supérieurs, je ne l’écoutais que très peu, préférant graver ses mots sur le MP3 que j’emmenais pour l’occasion. Et quand celui-ci ne me servait pas à l’enregistrer, j’écoutais Oasis me conter son
monde.
Ces brusques changements d’humeurs et caprices me portaient préjudice et j’avais grand mal à faire comprendre au rédacteur en
chef les raisons de ce temps pour boucler cet article. Au travail, plus qu’à l’accoutumé, je me retrouvais mis à part, on ne me cautionnait plus
aucun article. Il fallait absolument que je le finisse.
Alors, le soir, parfois très tard, d’autre plus tôt, je me replongeais dans son récit. Je connectais ma clé à mon ordinateur
portable et j’écoutais sa voix grave et trainante me raconter Maïan. Au fil du temps, j’avais fini par le connaître même plus encore que cet homme qui me le présenta à travers ses mots. Toujours,
ils étaient pesés et triés, choisis méticuleusement et comme le feraient ces peintres que j’affectionne tant, il me dépeignait Maïan. Pourtant, malgré toute cette poésie, je n’en faisais pas
vraiment attention. Très peu concerné par cette histoire qui n’était pas la mienne, j’étais de surcroît en colère après ce type qui me prenait tout mon temps.