Smog 4
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Quelques minutes plus tard, je ressorts. La tête pleine d’informations, mon cerveau travaille à cent à l’heure. Les évènements à venir me concertent dans cette certitude que j’ai depuis 6 mois.
Je ne sais pas si je dois crier « enfin » ou si je dois rester impassible et faire face dignement. De toute façon, quoique je choisisse, ce qui doit arriver, arrivera.
Dans la salle
d’attente, quelques types amochés. Bandage et pansements sur tout le corps. Je leur fais un petit salut moqueur avant de prendre la sortie de service et de dévaler l’escalier en
fer.
Mes pas résonnent
dans l’immensité de ce vide. Rien ne laisse deviner sous l’apparence de cet immeuble délabré qu’ici se trouve l’un des chainons du commerce d’un des
grands chefs de ce quartier.
Au détour d’une
allée, je me fais agresser par deux petits bras. Ses mains s’agrippent à mon sweat et il essaye vainement de me bloquer contre le mur de tôle. Je me laisse finalement allé et m’adosse à la
paroi.
- Alors à toi aussi
j’ai manqué ? demandais-je
innocemment.
Sa colère s’envole le
temps d’un battement de cil et je le vois hésiter quant à l’attitude à adopter. Finalement, je l’attrape par la taille et le colle un peu plus contre moi.
- Moi en tout cas, tu
m’as vachement manqué Virgil… dis-je la
tête enfoui au creux de son épaule.
Je respire un grand
coup. Il à une odeur épicée qui contraste avec son allure candide.
- Pas à moi
l’entendis-je lancé avant de se défaire de mon
étreinte.
- Bien. Pourquoi
voulais-tu me voir ? demandais-je
les bras croisés.
Il tic au timbre de
ma voix qui a changée. Je n’y peux rien. Malgré moi, son agressivité ne m’amuse pas toujours, parfois, elle a tendance à m’irriter. Surtout quand comme là, j’étais sincère.
- Ok.
Attends fit-il en m’arrêtant en me
tenant l’avant bras alors que je partais déjà. Merci pour la dernière fois.
- Pour l’hôpital ou
pour le baiser ? demandais-je
taquin.
- Les deux
répond-t-il d’une toute petite voix.
Surpris et touché, je
souris et l’attire à moi. Délicatement je pose mes lèvres au coin des siennes. Avant de m’en aller, je lui ébouriffe les cheveux. Je n’ai pas franchement aimé les doigts de Lester les
caressants.
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Un dîné pompeux pour
le moindre inintéressant en compagnie d’un parfait inconnu. Enfin, vu comment vont les choses, j’opterais pour un futur ex parfait inconnu.
Le fameux rendez
vous, la rencontre pour laquelle ma sœur me prenait la tête. Rencontrer son petit ami du moment. Enfin du moment, c’est beaucoup dire. Ils sortent ensemble depuis 8 mois. Je ne le connaissais pas
personnellement mais j’avais déjà une idée fixe sur lui. Un gars mignon, mollasson, qui aime coudre et cuisiner. Un gentil petit gars. De moins point de vu, je dirais fade mais pour elle, il est
parfait. Je pourrais la laisser entre ses mains les yeux fermés.
Alors j’ai souris.
Content qu’il puisse se mettre dans un tel état de gêne face à mes sous entendus. Jaylis me fusillait du regard mais n’arrivait pas à garder son sérieux bien longtemps.
Au final, je suis
rentré seul. Jaylis est resté aux bons soins de ce Jaeden.
Pas de mission en vu,
pas de plan machiavélique… Rien que moi et ma solitude. A non. La télé, un bol de pop corn et moi affaissé dans le canapé blanc neige.
« Il est peut être
différent. Cet être aux cheveux de feu, aux yeux de chat… Mais voilà, j’ai un contrat. Et… je les remplis absolument toujours.
Mais sa peau de porcelaine
appelle mes caresses, ses lèvres rosées attirent les miennes. Et je ne peux que l’embrasser. Mêler mon souffle au sien. Sentir son corps frissonner sous mes doigts. Ses gémissements de plaisir.
Il se tortille et ses yeux si terne s’illuminent d’une leur érotique.
Son corps est un appel au
viol… »
J’ouvre brusquement
les yeux. La télé est toujours allumée sur un épisode de docteur House. Je suis seul avec mes souvenirs. Ce rouquin, il me harcèle. Veut-il ma mort ? Il ne serait pas le
premier.
Foutu
conscience !
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Je remarque que je
passe la moitié de ma vie dehors. A marcher sans but précis dans les lieux les moins fréquentables. C’est que j’aime ma liberté. Rester enfermer dans l’appartement à lire mes cours très peu pour
moi. Pourtant, je devrais. Vu mes résultats qui sont en chute libre.
- C’est pas
vrai !
Je m’arrête au milieu
du trottoir. Quelques passant râle parce qu’ils me rentrent dedans, font tomber leurs gobelets de cafés, serviettes et autres choses.
- Si tu veux me voir viens. Arrête
de te cacher. Je ne mange pas…
J’attends quelques
minutes et finis par continuer mon chemin. S’il veut jouer au voyeur…
Une main se glisse
dans la mienne. Je souri, à croire que son boulot lui colle à la peau, mon petit blond m’apparaît toujours au moment le plus inattendu.
C’est à mon tour de
le coller contre un mur. Il ne rechigne pas, se laisse faire avec un certain plaisir.
- Lester t’a chargé de me
suivre ?
- Pourquoi tu me parles de
Les ?
- Tu es bien son…
ami ?
- Et toi
alors ?
- Tu veux savoir si j’ai baisé avec
lui ?
Il ne répond pas.
J’en profite pour caresser ses lèvres closes de ma langue. Il trésaille. Détourne la tête et exige de moi une réponse.
- Autant de fois que
toi.
- Je… je n’ai
jamais…
- Chut
dis-je en posant mon indexe sur sa bouche.
Je sais tout ça.
Virgil reste immobile
à réfléchir à ma révélation. Puis, il sourit avant d’happer entre ses dents mon doigt qu’il se met à suçoter délicatement.
S’il
savait…
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Une semaine au près
de lui, c’est tout une éternité. Je n’ai jamais autant passé de temps avec quelqu’un d’autre que Jaylis. J’aime l’avoir dans mes bras, il est frêle, petit, mignon et immédiatement je n’ai qu’une
envie c’est de le protéger. Le garder tout contre moi. Son innocence, sa pureté… dans ses yeux je me vois plus humain. Et j’aime cette sensation d’appartenir comme tout à chacun à ce monde. Même
s’il est nocif, corrompu… Ca fait du bien d’être normal. Et puis, avec lui, j’arrive a oublier.
Le bilan de ma vie.
Je crois bien que je pourrais facilement tomber amoureux de Virgil, seulement, je ne peux pas. Je ne dois pas. Même si il m’offre une stabilité sans pareille dans ma vie. C’est
impossible.
La dernière nuit que
nous passons ensemble. Demain je partirai chez Sempeï suivre sa médication. Durant une quinzaine de jours je serais absent. Je ne le lui ai pas dis, mais après, je ne le reverrais plus. C’est
fini avant même d’avoir commencé.
Je le chevauche. De
là, j’arrive à voir tout ce qui me fait l’apprécier. Il est magnifique les joues rougies, les lèvres entrouvertes et luisantes, les cheveux fins en désordre… Un tableau terriblement
érotique.
Je n’ose pas le
regarder dans les yeux par peur d’être perçu à jour. Je lui offre tout la douceur qu’il m’est possible de transmettre à travers mes caresses. Et à chaque fois que je frôle sa peau, j’ai envi de
lui demander pardon. Je sais qu’il finira par me détester.
Nos corps l’un sur
l’autre s’emballent, la tension sexuelle est à son paroxysme pourtant, même si j’en crève d’envie, je n’accède pas à son ultime demande.
- Pourquoi ? Jayton ! Dis
moi pourquoi. Pourquoi tu ne veux pas ?
Que veut il que je
lui réponde ? Que je ne veux en aucun cas passer encore plus pour un salaud en couchant avec lui avant de me barrer sans explications ?
Il me supplie. Je me
fais violence. Il faut que je me calme. Que je m’éloigne de lui le temps que je reprenne mes esprits.
Sur la terrasse, je
prends un grand bol d’air. Respire longtemps et calmement. Je reste planté là une demi-heure. J’ai beau tourner la situation dans ma tête, je ne trouve aucune autre issue.
Quand je retourne
dans la chambre, je découvre Virgil enroulé dans la couette. Je soupire soulagé qu’il dorme, que je n’ai pas a m’expliquer plus. Je ne sais pas si j’aurais pu encore faire face.
Je m’allonge à côté
de lui, la tête appuyé sur mon bras replié, je fixe consciencieusement le faux plafond en bois. Sa voix étouffée sort de dessous la couverture et me
sort de ma rêverie.
- C’est fini pas
vrai ? C’est pas grave, ne répond pas… rajoute-t-il devant mon mutisme.
Virgil sort de sous
la couverture et vient se blottir contre moi. Sa joue collée à mon torse nu, je sens la trace des larmes qu’il a versées et qu’il versera sans doute encore.
- Jayton… c’est notre dernière
nuit. Je ne t’en veux pas. J’ai toujours su que ça ne durerait pas… Raconte-moi. Dis-moi qui tu es réellement.
Je veux bien passer
une petite éternité avec toi Virgil. Tu m’as apporté plus en une semaine que mes parents en des années. Alors t’offrir ma vérité Virgil, je peux le faire la nuit durant.
La fin est proche. Plus qu'un chapitre et peut être un épilogue ^^