+ Journée Noire +
Journée noire. Quand j’ai entendu ça à la télé hier soir, puis à la radio il y
a quelques heures de cela je n’imaginais pas comment pour une fois la vérité aurait dépassé les prévisions. Des kilomètres d’automobiles, à la file indienne, collées les unes aux autres, avançant
millimètres par centimètres… Un désert d’engins motorisés, un arc en ciel de ferraille et au milieu de tout ça, moi. Assis à la place du conducteur, la ceinture sanglée me brûlant étonnement la
peau, je gardai les yeux fixés sur le bout de route que j’arrivais à entre voir. Encadré d’automobiles aux quatre coins cardinaux, le bolide que je conduisais n’était qu’un élément de cette
chaîne qui me paraissait interminable.
Les vitres remontées, le radiateur m’ayant lâché, je me retrouvais à soufflé
comme une bête. La température à l’intérieur de la voiture était je le sentais, beaucoup plus élevée qu’elle ne le paraissait à l’extérieur. De la vapeur sortait des pots d’échappements, du
goudron chaud, des tôles… un four et moi j’étais le rôti, la dinde ou que-sais-je le poulet qui se faisait farcir. Mais pour qui ?
En quelques secondes la file où je me trouvai connu une avancée vertigineuse de
plusieurs mètres. Du moins se fut l’idée que je m’en fis moi qui n’avais plus posé les yeux autre part que sur le tableau de bord. Je démarrai à nouveau, levant le frein à main, prêt à partir
quand un bruit sourd me fit sursauter.
Il avait été si silencieux que je l’avais complètement effacé de ma mémoire.
Bien que notre dispute soit belle et bien présente dans mon esprit. J’avais tout de même finis par essayer d’oublier tous ces mots… Mais quand je le regardais, là comme ça, endormis, la tête
roulant sur l’appuie tête à chaque mouvement de la voiture… J’oubliais.
Son regard sombre me fit sursauter. Il fronça les sourcils et détourna la tête.
Lui par contre n’avait pas l’air d’avoir oublié…
Je soupirai, las. C’était idiot. Nous étions idiot à nous faire la guerre pour
si peu.
Les klaxons à répétition me firent atterrir. Je démarrai, la voiture parcoure
quelques centimètres de route goudronnée avant de l’arrêter à nouveau.
Comment expliquer cette tentation présente dans l’habitacle ? La chaleur,
les rancœurs… la peur ?
Oui. Sans doute avais-je peur… Une odeur d’échéance flotte.
Un goût de fin me hantait. Et je craignais que tout ceci ne soit pas simplement une preuve de paranoïa.
Ma vie se résumait à des qui propos, des mal entendus… Mon psy m’affirmait que
la communication était le meilleur remède à mes problèmes sociaux. Bien. Pourtant, je crois que je n’aurais jamais dû effleurer certains sujets. Je n’aurais jamais dû aborder dans notre
communication foireuse le sujet fâcheux.
Etais ce moi le maillon faible de la chaîne que nous formions ? Devais-je
endossé tous les tords ? Devais-je moi aussi nier ? Faire semblant ?
Je m’appelle Mick. Je suis le genre de type qui passe inaperçue quoiqu’il
fasse, peu importe l’endroit, la date les évènements... Je suis toujours le laissé pour compte. Je parle, pourtant, souvent j’ai l’impression que ce que je dis ne signifie pas ce que je
conçois.
Je m’appelle Mick et j’aime. Je l’aime lui. Je l’ai aimé dès la première fois.
Lui, il est du genre à briller partout. A être apprécier de tous, peu importe l’endroit, la date les évènements… Il est toujours le centre d’attention. Il ne parle presque jamais, pourtant, j’ai
l’impression que ce qu’il pense signifie tout ce qu’il dirait s’il prenait le temps de le faire.
Je m’appelle Mick et ma seule raison de vivre c’est lui.
Alors si je m’inquiète le lendemain de sa sortie de l’hôpital. Si je lui fais
remarquer que sa dépendance vis-à-vis de cet autre est malsaine, morbide… Si dans cette histoire je souffre presqu’autant que lui alors même que je ne suis que spectateur. C’est sans doute que je
remplie ma condition de meilleur ami. Le meilleur ami amoureux. Le confident impuissant face à la descente en enfer de sa moitié idéal. Comme toujours le laissé pour compte.
Il posa sa main sur ma cuisse. Surpris, je le questionnai du regard. Les mains
crispées sur le volant, j’attendais avec appréhension une explication.
Sur sa peau encore blême, souvenir de son passage au service des urgences, des
perles de sueurs. Son visage boudeur se détendit. « J’admets » furent les seuls mots qui
franchirent ses lèvres moqueuses. Puis à nouveau des mots, un torrent. « Tu as raison. Comme toujours. Tu es tellement clairvoyant que rien me concernant ne
t’échappe… »
Je frissonnai tout le long. Sa main se promenait toujours sur ma cuisse,
penseur, il traçait des sillons invisibles sur mon jean qui me paraissait quasi invisible tant j’avais l’impression de sentir sa peau sur la mienne.
« Alors pourquoi est ce que, depuis toutes ces années,
le plus important ne t’apparaît pas ? »
Sa main baladeuse avait fait son chemin sur mon corps figé. Elle s’arrêta sur
ma nuque. Je sentais dans un frisson la texture si particulière du pansement qui bandait son poignée .Il me fixait et je ne savais plus quoi penser. Etais-je toujours paranoïaque au point de
croire que la chose qui m’échappait était celle qui me rongeait moi ?
Mon visage incrédule en échange de son rire cristallin. Mon
aveuglement contre sa réponse guérisseuse. Ses lèvres rosées, sa langue au goût de médicament dansant avec la mienne. Et la chaleur ambiante se mêlant à celle de notre
échange.
Une journée noire. Des kilomètres d’embouteillage. Une chaleur étouffante. Et
au milieu de tout cela lui et moi. Peut être pas si paranoïaque après tout.
Une journée noire pour une révélation. Une journée noire pour notre rencontre.
Ami puis amant.
Une journée noire pour notre début. Une journée noire pour notre fin.
Des klaxons lointains. Des crissement de pneus. Et juste le temps de voir le
camion, juste le temps d'appréhender, juste le temps... nos mains liés l'une à l'autre, de nous dire adieu. De nous donner rendez vous ailleurs, plus tard, dans un autre
monde....
Une journée noire pour notre mort.
Dernière MAJ avant que je ne parte.
Un petit OS pas du tout inspiré.
C'est bien la permière fois que je tue l'un de mes persos.
Et là, c'est deux, d'un coup. Faut pas chercher à comprendre.
Il fallait que ça sorte même si le résultat n'est pas du meilleur effet.
Je vous dis à dans une semaine jour pour jour.
Bisous!