Athenais' Yaoï


Smog 4
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L’animal a l’instinct plus développé que l’homme.  Comme un don, comme s’il pouvait lire dans l’avenir…  Quand sa fin est proche… Il le sait, il le sent. Mais se contente de rester là et d’attendre. Attendre oui, c’est une délivrance pour celui qui a terriblement souffert. Le goût de la fin est si apprécié par ceux à qui la vie n’a rien donné. Une délivrance. La fin mais aussi un renouveau.

 

Cette foutue maladie orpheline. Chaque 15 jour mon corps ne me répond plus. Affaiblit, mon esprit est déconnecté de cet amas de chair et je ne  peux qu’attendre et observer. A chaque fois les mêmes questions : est ce le début de la fin ? Me terrassera-t-elle pour de bon ?

Et plus les jours s’allongent, plus j’y crois et moins je m’affole. Pourtant, à chaque fois ma léthargie forcée s’en va comme elle est arrivée. 

 

Je reste quelques jours dans l’empâtement des effets d’un immobilisme aussi long. Les pas, les gestes, les pensées… tout est embrouillé. Je dois faire un tri, me raccommoder avec, me battre… Tout le temps, à tout moment. Et finalement, à nouveau debout, enfin opérationnel, je reprends les dossiers en attente, ma vie comme si… tout était normal.

 

Je retourne sur mes pas, je reprends tout là où je mettais arrêté.  Raccords après raccords, ma fichue vie ressemble à un long enchaînement d’évènement sans interruption. Une vie tumultueuse. Une vie que je contrôle comme bon me semble. Et même si tout ceci doit me conduire à ma perte, je m’y rendrais dignement parce que vivre, je ne l’ai pas toujours fait aussi loyalement que j’aurais dû.

 

A nouveau opérationnel. Me voilà debout au milieu de nulle part. Dans un hangar désaffecté, j’attends. Les mains dans les poches, je pense. Immobile mais pas moins sur mes gardes, j’entends. Plus aussi seul qu’il y a quelques minutes, je les sens. S’approcher, me scruter, me jauger… Puis, une voix vient briser ce brouhaha de chuchotements.

 

-          Que me vaut l’honneur de ta visite ?

 

Impériale, moqueuse… il essaye de me déstabiliser.

 

-          Tu me manquais… dis-je en souriant, la tête toujours baissée. Et je crois que moi aussi je t’ai manqué. N’est ce pas ? J’ai mis tes espions au chômage durant deux longues semaines. D’ailleurs, il y a deux semaines de cela… as-tu reçu mon message ?

 

-          Délicate attention de ta part lâcha-t-il irrité. Dans un papier cadeau et pour une fois pas trop amoché. Te ramollirais-tu ?

 

-          Si ça t’amuse de le penser… Trêve de plaisanterie. Tu sais pourquoi je suis là…

 

-          Et tu te doutes bien que je ne répondrais pas si facilement que ça à tes questions me coupa-t-il.

 

Je soupire exaspéré. J’étais sûr qu’il agirait ainsi.

3,5 puis 8 et enfin 10. Ils m’entourent, armes à la main, débilité profonde au fond de leurs pupilles. Lentement, je relève la tête, ma capuche retombe sur mes épaules. Le coup d’envoie.

 

J’évite une batte de baseball, elle s’abat sur le crâne d’un pauvre type chauve qui lui, s’écrase la tête ensanglantée au sol sur l’un de ces autres camarades.  Je grimpe sur ces deux corps, prend appuie sur les épaules du type au look de rappeur, qui me servent d’axe à ma rotation. J’atterris derrière lui. Je recommence. Je saute, je tourne, salto avant, arrière, ciseau aérien et même une roue. Tout un tas d’acrobatie, histoire de m’entraîner ou de faire le pitre. C’est mon premier combat depuis deux semaines et je dois dire que ça me manquait. Cette sensation unique que l’on ressent au milieu de ces coups portés de toutes part. L’adrénaline, l’instinct de survie… Pouvoir prévoir chaque geste, être le  plus rapide… tout ça sans s’essouffler. Le faire aussi facilement que tout autre geste banal. 

 

Et enfin, plus personne debout. Etalés comme les cartes d’un château après le passage d’une brise.

 

-          Bien soufflais-je. On peut parler maintenant ?

 

Le molosse sort de l’ombre, les bras croisés, il me surplombe de toute sa hauteur.  D’énormes muscles de bodybuilders, un regard d’acier et la mine de chien d’attaque. Ce grand afro, Lester, mon con préféré.

On se jauge du regard. Immobile tous deux, aucun ne baissant sa garde. Et finalement, il éclate de rire et applaudit même.

Je secoue la tête faussement contrarié. C’est toujours pareil avec lui. Une joute verbale suivit d’un petit combat déloyal… A croire qu’il s’ennui à régner seul sur la partie sud du quartier.

 

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-          Alors, alors… lâcha-t-il au bout d’un moment.

 

Assit dans un énorme fauteuil en cuir bordeaux, Lester, cigare en bouche, me scrute du regard. Cela fait une bonne demie heure que je suis installé dans son bureau et que j’attends que monsieur arrête de répondre sans cesse au téléphone. Je me suis mis à suivre le moindre de ses gestes du regard, je sais comme il déteste ça. Au bout d’un moment, il grogne mécontent et je lui offre mon plus beau sourire.

 

-          T’es venu pourquoi au juste ?

 

-          Pour tes beaux yeux.

 

-          Evidemment.

 

Le silence retombe. Je fais un rapide tour d’horizon de la pièce et faute professionnel, je repère des points stratégiques, les défauts de son système de défense et tombe par hasard sur un préservatif usagé délaissé au sol. Lester qui a suivit mon regard, affiche un air lubrique qui n’a d’érotique que la façon inconsciente qu’il a de serré son cigare entre ses lèvres.

-          Il y a des bruits qui courent… sa phrase et entrecoupée lorsqu’il recrache une fumée bleutée. Dans les hautes sphères, des soupçons flottent et tout à chacun se met à douter de son voisin.

 

-          Laisse-moi deviner. J’y suis impliqué ? Ok. Et qu’aurais-je fais de mal à part celui que je commets tous les jours ?

 

-          Ce qu’aucun tueur ne devrait faire.

 

-          Douterais-tu de mes compétences ?

 

-          Tu la bien laissé vivant, lui.

 

-          Lester. Je ne tue que sous contrat ou si je n’ai pas d’autre moyen. Et tu vois, je ne me suis pas trop sentis menacé par ce poids plume.

 

La porte s’ouvre doucement, dans l’entrebâillement, une petite tête blonde apparaît.

 

-          Quand on parle du loup…

 

Il regarde tout à tour Lester, puis moi. Aujourd’hui, ses yeux sont bleus. Je lui souris mais il ne répond pas et se contente de m’ignorer ce qui n’a défait que celui de me faire encore plus marrer.

 

Le boss lui fait signe de la main de s’approcher. Il accourt presque jusqu'à lui et se laisse tomber dans le pouf tout à côté du trône du chef. Tel un bon chien, il reçoit tout content les caresses de la grosse main de Lester. Ses doigts se promènent dans ses cheveux blonds cendrés et c’est à peine s’il ne se met pas à couiner. Pathétique.

 

-          Lester l’apostrophais-je.

 

Quatre yeux se fixent sur moi dans un même mouvement. Quand je croise ceux du gringalet, il détourne immédiatement la tête.

 

-          Tu me vexes. Vraiment. Tu m’as envoyé… ça. Ton compagnon de jeux ?

 

Le compagnon de jeu sort les crocs à l’entente de ce qualificatif. J’adore sa petite bouille quand il est énervé. Je lui fais un clin d’œil ce qui le met encore plus en rogne.

 

-          J’y tiens répond simplement le colosse dans un demi sourire.

 

-          Justement. J’étais dans mon bon jour sinon je ne suis pas sûr que tu aurais pu reconnaitre sa gueule d’ange insolent. Il faudrait que tu penses à l’éduquer lâchais-je tout en fixant le petit plus qu’outré.

 

-          J’y tiens mais je ne suis pas son maître contrairement à ce que tu semble croire. Il fait ce qu’il veut et je n’y peux rien.

 

-          Vraiment dis-je sans le moins du monde croire ce « je n’y peux rien ».

 

Je veux bien croire que le petit bénéficie de la protection de Lester, qu’il est dans ses bonnes grâces mais sûrement pas qu’il puisse tout ce permettre.

 

-          Virgil, sors.

 

Il se prénomme donc Virgil. Je l’imaginais déjà répondre au doux nom de Rex ou de Foxi. Noms de chiens quoi.

 

Il se lève doucement, sans dire mot mais je vois dans son attitude comme il se retient. Et moi j’ai une folle envie de lui dire « il ne faut pas ». Je suis fan des rebellions en tout genre.

 

-          On doit parler entre grandes personnes rajoutais-je narquoisement juste avant qu’il ne ferme la porte.

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A suivre...

Ven 3 oct 2008 2 commentaires
oula ! une fic signée Min sans aucun doute !!!! toujour saussi tordue xD
Elle Sid - le 06/10/2008 à 12h35
Encore pliée en quatre !! Même si c'est physiquement impossible ! Tu cherches à nous faire mourire de rire ? xD J'adore toujours autant son attitude, il me fait trop marrer !! xD
Deadly - le 25/11/2008 à 11h27